Chérie ! Fais péter le son ! (d'avoine...)

... Ou misères de la condition humaine appliquées à la boyautique

En six ans de vie commune, George C. ne m’avait JAMAIS entendu émettre le moindre son incongru ou déplacé. Je peux, sans grands risques pour lui, jurer sur la tête du Dr Dukan, mon idole, que c’est l’exacte vérité.

Dans le cocon d’une existence bercée par Mozart, mes intestins, formés à la dure par une enfance africaine de fille d’expatriés, ne s’étaient jamais laissés aller à produire ne serait-ce que le plus infime borborygme. (Non, ami lecteur béotien, un borborygme n’est pas un frère caché des mignons jumeaux Bogdanov. C’est l’un de ces odieux et incontrôlables bruits sournoisement émis par ton ventre dilaté durant ta digestion... Oui, voilà, si tu préfères, c’est un gerbant gargouillis -qui peut déboucher sur bien pire si le trop plein d’air s’échappe vraiment... Buurp… voire, plus gênant : Pfuitttt…-) C’est bon ? Je peux poursuivre la leçon de poésie ?... donc je :)

Or, depuis le début de mon Dukan, abus de son d'avoine et de graines germées oblige, les choses ont bien changé - quand je dis "bien changé", j’espère que vous aurez compris : pas vraiment en mieux… J’en suis arrivée au stade où je me réjouis tous les jours de ne pas être japonaise. Si tel avait été le cas, de honte et de consternation, il y a déjà bien longtemps que j’aurais lavé l’affront en m’appliquant la douce méthode du Hara-Kiri à l’aide de couteaux à sushis.

Mais bon, j’habite la patrie de Rabelais, de Cyril Hanouna, de Patrick Sébastien... Un pays où nul mariage, fut-il princier, ne pourrait se passer de la joyeuse pratique du "tournez serviettes". Ceci pour dire qu’ayant la chance d’être française, je pourrais décomplexer un tantinet de l'arrière-train … Eh bien non ! Kiki a la classe (comme Afida Turner). Kiki est une princesse. Kiki s’aime ET Kiki se respecte (featuring Alain Delon). Du coup, Kiki trouve les rires de moins en moins étouffés de George infiniment blessants. Bref, si vous avez une solution à me soumettre, je suis preneuse.

Je vous arrête tout de suite : j’ai déjà pensé à changer de disque. À la place de "Petite musique de nuit", j’ai décidé de faire plus régulièrement tonner "La chevauchée des Walkyries", en montant le son plein pot (si je puis dire…). La ruse n’a pas fonctionné : George se bidonne de façon quasi pavlovienne toutes les fois où je fais jouer la charge wagnérienne avant d’emprunter dignement le chemin des cabinets d’aisance. Merci de me proposer AUTRE chose.

C'est pas moi ! j'le jure ! (sur la tête du gosse)

Et maintenant, je crois que le moment est venu de vous glisser une petite anecdote qui pue un tantinet des fesses. Il y a quelques temps, j'ai dû subir une intervention chirurgicale sans gravité (<=non, pas une liposuccion, une appendicite, bande d'enfoi*ées !). Le lendemain de l’opération, pour des raisons qui me semblent encore un peu floues, un type en blouse blanche est venu me demander si j’avais eu des gaz… "I beg your pardon !??? Jamais de la vie ! D’ailleurs, de quoi je me mêle ?!!!"…

Avec la baraka que l’on trimballe dans ce genre de cas, il va de soi que je n’y ai pas coupé : on m’a bien entendu envoyé LE beau gosse de l’hosto pour me poser cette embarrassante question…
Alors là, trop envie de dire HALTE AUX HUMILIATIONS ET STOP AUX FAMILIARITÉS ! Car il ne faut tout de même pas oublier que je suis Kiki - autrement dit, la fille qui a déjà frôlé l’occlusion intestinale, plusieurs fois dans sa vie, pour éviter d’avoir à se rendre aux toilettes lors de week-ends amoureux (car ces imbéciles d’hôteliers trouvent désormais hyper classe de proposer des chambres ouvertes avec baignoires et wc installés à 30 cm du lit sans cloisons <=J'adore!).

Une bonne fois pour TOUTES, Kiki est bien mieux éduquée que les locataires de Buckingham Palace, autrement dit, elle ne pète JAMAIS. Enfin, jamais "tout haut" quoi… Vous pouvez demander à Kim Jong-un, fils du très regretté Jim-Jong-il, de m’enfoncer tout plein de bâtonnets sous les ongles (le bon garçon) (au passage, si son service de presse pouvait me filer l’adresse de son coiffeur), rien à faire : je n’avouerais jamais que j’ai lâché un pet. Même pas un minuscule prout de brodeuse.

Bref, je suis exactement comme vous : en cas de pfuiiit incontrôlé je dénonce mon gamin, façon : "Oh mon Dieu, quelle infection ! Bahhhhh ! George, ton fils est un goret -comme toi, gros porc !"... Ou bien je balance la chienne, un peu dans le même registre : "Oh B*rdel ! George, ouvre vite la fenêtre !!!! Je vais vomir ! Cette bête est immoooooooonde -comme toi, gros porc !".

C’est dire si le coup du : "Avez-vous eu des gaz, chère Madame ?" m’a mis l’âme en fête... Bref, durant cette hospitalisation, RIEN ne m’a été épargné… Même pas le ridicule : la veille de l’intervention j’ai fait parvenir de déchirantes lettres d’adieux à l’ensemble de mes amis, qui ont tous pleuré de rire à la simple idée d'imaginer la vie sans moi – et qui ont sangloté pour de bon quand ils ont compris que j’envisageais sérieusement de leur léguer ma collection complète d’ouvrages Dukan…

Kiki sort du placard (à gâteaux)…  >

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